Route du Rhum : Les défis qui attendent les skippers

Si la Route du Rhum est devenue la plus mythique des courses transatlantiques, c’est en partie dûe à la difficulté de son parcours, fait de dangers et d’incertitudes stratégiques. La route de Saint-Malo à la Guadeloupe en novembre n’est pas un long fleuve tranquille. La ligne droite n’est pas toujours le chemin le plus court.
Première difficulté : Eviter les collisions dans la Manche
La Manche présente un trafic maritime très dense de navires de pêche et de commerce. Pas trop le temps de récupérer de l’émotion du départ, il faut être tout de suite très concentré et attentif pour éviter toute collision jusqu’au rail d’Ouessant. Cette zone interdite aux concurrents canalise le trafic des navires. On l’appel le Dispositif de Séparation du Trafic (DST) Il a été mis en place pour éviter les collisions entre bateau dans cette région qui est une des plus fréquentée au monde.
Le traffic maritime en Manche. Chaque symbole représente la position d’un bateau transmis par son système radio.
L’heure des choix stratégiques
Il faut ensuite traverser le Golfe de Gascogne, qui s’étend de la pointe de Bretagne jusqu’au Cap Finisterre (en Espagne, à ne pas confondre avec le Finistère français).

Le Golfe de Gascogne nous est familier et borde nos paisibles plages du Sud de la Bretagne aux Landes , il est aussi parmi les zones de navigation les plus dangereuses de la planète. Les fonds y remontent très vite, générant une mer très grosse et des vagues déferlantes lors des tempêtes hivernales. C’est là que ce sont écrites les pages les plus dramatiques de la Route du Rhum. C’est aussi là que les choix stratégiques déterminant pour la suite de la course s’opérent : cap au Sud pour aller chercher les vents portants des Alizés, les grands surfs et la chaleur, ou cap au Nord pour tailler au plus court.
Pas de règle établie, tant les routes des anciens vainqueurs divergent : Pour ceux qui choisissent de rester sur la route la plus courte (dite orthodormie) au Nord, il faudra attendre encore longtemps avant de retirer les cirés et les bottes, affronter une, deux ou trois dépressions, face au vent, et choisir le meilleur moment pour redescendre vers la Guadeloupe.
Option sud ou ouest
Pour ceux qui choisissent la route des Alizés, il faudra accepter d’allonger la route, de descendre au Sud parfois jusqu’à la latitude du Cap Vert, et, en espérant que ce soit provisoire, de perdre des milles et des places au classement. Mais s’ils trouvent ce qu’ils sont venus chercher, les Alizés, ces vents réguliers venant du Nord-Est dans l’hémisphère Nord, alors ils pourront accélérer en route presque directe vers la Guadeloupe dans des conditions idéales de navigation.

Ceux du Nord verront leur avance fondre sur ceux du Sud qui espéreront récupérer tout le retard accumulé, cette course poursuite fait tout le suspens de l’épreuve qui s’achève par un tour de la Guadeloupe pour atteindre Pointe-à-Pitre. Pas de relâchement avant l’heure, car les skippers doivent veiller à ne pas se faire emprisonner dans les calmes ni surprendre par les rafales parfois violentes au passage des caps.
La stratégie choisie par Tanguy de Lamotte sur Initiatives Coeur dépendra des des analyses météo de dernières minutes. Quels que soient ses choix, vous pourrez les suivre en temps réel sur le Live exclusif d’Initiatives-Coeur.